La comparaison est un outil indispensable en communication, elle permet de rappeler une expérience déjà enregistrée pour comprendre une explication ou situation actuelle (1) ou de prendre du recul et de voir les choses sous un autre angle (2) (cet aspect serait plutôt la métaphore). Très utile aussi en rhétorique pour prendre le dessus dans une conversation (3) ou en poésie comme par exemple certains effets synesthésiques (4).

On peut aussi comparer les objets (5), les lieux (6), avec toujours la même fonction mémorielle, comme si c'était rassurant de savoir que ce n'est pas nouveau.....alors qu'en fait c'est absolument nouveau. Si lorsque je suis en Inde, je dis « -Hooo, c'est comme dans le quartier indien ou je vais acheter mon jaggery ils ont la moustache», je me rassure pour ne pas être trop dépaysé, ne pas perdre pied, ne pas sortir de ma zone de confort, ne pas me laisser fulgurer par la nouveauté et l'inédit. Évidemment c'est un peu exagéré, mais dans le fond, vous y croyez vous que c'est pareil ?
Entre mensonge et excellence j'ai choisi la demi mesure, qui n'est pas des moindres, bien au contraire

Nous venons de voir quelques exemples de comparaison dans lesquels il y avait similarité, en utilisant la liaison "comme", mais il y a l'aspect "différent" à explorer, avec tous ses adjectifs et adverbes: "plus différent que", "mieux que", "meilleurs que", "moins différent que", "pire que". J'élimine direct "aussi différent" que, car il en va de la similarité le concernant.

Bref vous avez compris je ne vais pas vous faire un cours de français.

En revanche, dans la vie de tous les jours, quand je l'applique à moi-même ou aux autres, la comparaison que ce soit pour similariser ou différencier devient un prisme déformant la réalité, un filtre appliqué à mon mental qui va me faire croire selon les cas que je suis exceptionnel, un moins que rien, ou l'égal de quelqu'un qui se revendique différent....puis-je être comme quelqu'un de différent ?

Notre société m'a éduqué à me comparer, et surtout à être le meilleur, et même si je n'ai jamais réussi, ni trop essayé, il n'en reste pas moins que l'empreinte est persistante. En revanche j'ai pu constater autour de moi que souvent l’excellence rimait avec mensonge, or l'on m'avait appris à ne pas mentir, et puis c'est une rime pauvre, or j'aime les rimes riches, elles sont meilleures....bref vous l'aurez compris entre mensonge et excellence j'ai choisi la demi mesure, qui n'est pas des moindres, bien au contraire.

Mes compétences ont commencé par m'être figurées grâce à des chiffres (de 1 à 9 pour les gros nuls et moches) ou des nombres (de 10 à 20 pour les supers beaux et forts). Et fort de ma position sur cette échelle arbitraire j'ai commencé à me comparer aux autres, aux objets, aux animaux puis je n'ai cessé de le faire (il m'en reste une jalousie extrême envers les oiseaux, car je ne peux pas voler)....aujourd’hui je compare mes téléphones, mon tour de taille, ma vie sur FB.

Je suis un grand enfant avec des jouets plus gros et je suis motivé par des notes imaginaires que me suggèrent les médias. Ou plutôt devrais-je dire j'étais.

Oui j'étais, car depuis que j'ai découvert le Yoga ma vie a changé.....////flux publicitaire stoppé prématurément///// On va prendre le truc dans l'autre sens : j'ai fais changer ma vie grâce à ce que j'ai appris en m’intéressant au Yoga.

Cette histoire du meilleur fut à double tranchant. Qu'est ce qu'il se passe s'il y a déjà un meilleur ? Suis-je nul ? Ment-elle? Comment puis-je le dépasser ? Comment me débarrasser d'elle ? Il est trop fort, je n'atteindrai jamais son niveau !!!

Et que pense-je si je suis le meilleur ? Haha, elle est trop nulle !! Merde il va me rattraper, il faut que je le nique !! Haa pourvu qu'elle qu'elle ne soit pas meilleure que moi le trimestre prochain !!!

Dévalorisation, doute, complot, préméditation de meurtre, syndrome de la grosse tête, inflation d'ego, gonflage de cheville, érotomanie, phallocratie, abus de confiance (en soi), illusion de l'impossible, kidnapping, peur, angoisse.....et j'en passe.

Tout ce panel de troubles du comportement et de perturbations émotionnelles j'ai dû les traverser un par un, et en même temps. Jusqu'au jour ou j'ai décidé d'arrêter de me comparer.

Et dès ce moment là, ça a continué.....il m'a fallu du temps pour ancrer cette pratique mentale. J'ai souvent re-sombré dans l'un ou l'autre de ces aléas de la pensée, et pas toujours à cause de la Comparaison, il y a bien d'autres chantiers à explorer (on verra plus tard d'autres trucs genre, les attentes, le mensonge, l'interprétation....) et malgré toutes mes bonnes décisions, je reste patient avec moi même et pas trop indulgent.

En tout cas petit à petit j'ai compris que j'étais le meilleur, et que je le resterai, car il n'y a que moi qui décide de mes limites parce-que je les ai mesurées à l'aune de ma volonté et de ma pratique.

Parabole de la natation (et du sport en général, ou toute autre activité dans la quelle ce schéma peut résonner) :

Dans une autre vie, je nageais à un niveau de compétition inter-village, un truc de ouf.

J'étais pas le meilleur, et à l'époque on se tirait la bourre avec le plus fort, bon OK j'étais deuxième.

Je me comparais à lui évidemment, et je ne comprenais pas pourquoi il était meilleur, on s'entraînait autant, je pesais moins lourd que lui.....avec le recul ce qui faisait la différence c'est qu'il avait une motivation sans faille.

A tout cas, le fait qu'il soit toujours devant moi me stimulait, et sa motivation me portait également. Les quelques fois où j'ai pu le dépasser et faire de meilleurs temps que lui, ça le re-motivait pour de nouveau s'améliorer, et ainsi nous étions dans une spirale vertueuse. La comparaison s'était transformée, et sans mon meilleur rival je n'aurais jamais accompli autant en natation.

« Si l'on ne se compare à personne, on devient ce que l'on est »

Jiddu Krishnamurti

(1) « -Regardes cet oursin c'est comme un hérisson, mais dans la mer »


(2) « -Ma vie est un Monoply, je me bats contre les autres pour posséder

plus d'illusions, mais j'ai à la fois peur d'arrêter de jouer et de tout

perdre en jouant »


(3) « -Ha wéééé, c'est comme ta mère quand elle va chez le coiffeur... »


(4) « -La terre est ronde comme une orange »


(5) « -Tes sabots sont comme mes pneus : en bois et sales »


(6) « -La Chine c'est comme la Russie, c'est grand »